dimanche 22 novembre 2009

Dernière de Répliques

Isabelle Ciaravola, Stéphane Bullion, Muriel Zusperreguy, Josua Hoffalt, Christelle Granier, Jean-Christophe Guerri, Charlotte Ranson, Bruno Bouché, Nicolas Paul, Paul Andreu, Adeline André

Charlotte Ranson & Bruno Bouché

Christelle Granier & Jean-Christophe Guerri


Muriel Zusperreguy & Josua Hoffalt

Isabelle Ciaravola & Stéphane Bullion

Nicolas Paul, Paul Andreu, Adeline André


Stéphane Bullion-Isabelle Ciaravola

Poésie

mercredi 18 novembre 2009

Adieux de Gil Isoart


Pas d'adieux institutionnels pour Gil Isoart, merveilleux danseur du corps de ballet, mais un témoignage d'amitié de ses collègues et d'amour du public dans ses saluts pour une fois seul au devant de la scène.

dimanche 15 novembre 2009

Amoveo/Répliques/Genus

Répliques


La mutation d’Amoveo est particulièrement perturbante. Le ballet a été réduit de moitié, les inscriptions subtiles dans l’espace des costumes de Marc Jacobs ont disparu… Du souvenir d’une œuvre monumentale sous tous les plans, de la musique, de la scénographie, des costumes, du nombre de danseurs, qui avançaient en majesté vers du lyrisme et de la pureté où se nichait le pas de deux émotionnel, il ne reste plus qu’un petit groupe qui s’agite sans véritable sens en prologue et des envolées trop courtes pour marquer après le pas de deux central. Jusqu’à ce moment, les danseurs semblent chercher leur voie, ils composent pour composer, pour occuper l’espace et c’est grâce à la formidable musique très prégnante de Phil Glass que l’ensemble se tient.


Nicolas Le Riche - Clairemarie Osta

Le final en revanche, sans prétention, est plutôt réussi, très aérien et bien rythmé, mais quel gâchis !A l'image de la réduction du ballet, réduction de distributions également puisque Nicolas Le Riche se partage entre Clairemarie Osta et Aurélie Dupont. Peu de différences entre les deux danseuses, le ballet est plutôt un ballet de l'osmose et du mouvement, que de la virtuosité et de l'incarnation.

Audric Bezard - Sébastien Bertaud - Ludmila Pagliero

Un des principaux problèmes de Benjamin Millepied dans cette triple affiche est qu’il côtoie des machines à créer des ambiances et des chorégraphes au style très défini et porteur, ce qui lui fait encore défaut. On sent quelqu’un qui se cherche, alors que Nicolas Paul et Wayne McGregor impulsent un style, une recherche du mouvement très caractéristique très réfléchie dans la scénographie et l’inscription musicale dont on perçoit la cohérence à travers tout le ballet.

Répliques

Avec Répliques, Nicolas Paul ne rate pas son entrée sur la scène de l’Opéra Garnier. Tout dans son ballet conduit à l’admiration. Répliques une oeuvre très bien pensée et très bien réalisée.
Elle surfe sur l’idée du double, esthétique et structure binaire avec comme catharsis les voiles miroirs qui réfléchissent ou séparent dans des jeux de lumière subtils. Les vêtements voiles à double couche qui aspirent la lumière ou la renvoient, les duos de danseurs qui s’échangent ou forment des associations plus complexes à diverses configurations pour se répondre, une idée déclinée sous toutes ses formes dans une scénographie très élaborée et souvent inattendue.

Stéphane Bullion



Répliques dégage une intensité à travers tous ses éléments, le décor austère, presque ascétique mais visuellement très poétique qui crée une ambiance lunaire soulignée par des demi-pénombres. La chorégraphie se fond dans cet espace et cette atmosphère, de même que les costumes qui impulsent parfois des touches d’impressions par les manipulations des danseurs, des touches opaques ou de couleurs diffuses qui visuellement, créent de la chaleur dans cet univers glacé.

Stéphane Bullion - Isabelle Ciaravola


Les danseurs tracent des lignes très structurées dans les airs, jouent avec les parallélismes des duos ou des groupes, dans un dialogue vif et nourri en symbiose totale avec la musique, judicieusement utilisée et très bien comprise par le chorégraphe. Les différents titres de Ligeti, les silences des liaisons, tout est exploité dans une quasi lecture des mouvements avec une mise en relief dans la chorégraphie. Nicolas Paul parlait dans la Rencontre de Bastille de "partition", évoquant là une conception de l’écriture chorégraphique inscrite comme un concept musical ciselé, cette idée que les danseurs se meuvent comme un commentaire analytique de l’œuvre musicale qui peut se décrypter comme tel. Le résultat est une œuvre d’une musicalité intense, ce qui n’était pas évident avec un tel choix musical.

Stéphane Bullion-Isabelle Ciaravola
Josua Hoffalt-Muriel Zusperreguy/Christelle Granier-Jean-Christophe Guerri/Bruno Bouché-Charlotte Ranson

La scénographie découpe les figures avec à la fois une structure très précise et complexe, des synchronies par genre aux duos finaux qui ne se ressemblent jamais et qui se définissent enfin plus clairement avec l’apparition des voiles qui séparent les couples progressivement et à travers lesquels les paires finissent pas ne plus se répondre mais à s’autonomiser.

Charlotte Ranson, Muriel Zusperreguy, Stéphane Bullion, Christelle Granier, Josua Hoffalt, Jean-Christophe Guerri

Deux distributions pour ce ballet d'ambiance, une avec des danseurs éprouvés des chorégraphies de Nicolas Paul comme Bruno Bouché, Stéphane Bullion, Jean-Christophe Guerri, Charlotte Ranson ou Muriel Zusperreguy, l'autre plus hétérogène avec Adrien Couvez et Emilie Cozette comme familiers. Il est certain que les baroudeurs habitués ont une maîtrise du geste, de l'espace et de la précision qui se démarque de la deuxième distribution plus effacée dans son écrin.



Isabelle Ciaravola, Stéphane Bullion, Muriel Zusperreguy, Josua Hoffalt


En dehors de la gestuelle complexe, la maîtrise des synchronies ou des diachronies, notamment dans le premier mouvement qui voit des groupes non mixtes, est parfaite. La puissance de Stéphane Bullion et son autorité sur scène lui permettent d'imposer une figure marquante dans son solo d’une vitesse qui frise l’évocation de la violence, et dans le dernier pas de deux où, très ambigu, ses manipulations précises d'Isabelle Ciaravola tournent à l'envoûtement et parfois à l'étonnement avec en particulier un de ces fameux sauts à l'horizontal, dans Répliques une impulsion à la danseuse qu’il maîtrise complètement et dont Nicolas Paul a le secret... Secret qui ne s’est pas communiqué à Vincent Chaillet...

Stéphane Bullion - Isabelle Ciaravola

Après la rigueur intérieure de Répliques, la tonicité exubérante de Genus pourrait surprendre mais la composition déstructurée de la première partie de l’œuvre de Wayne McGregor insuffle un mystère similaire. La chorégraphie, comme celle de Nicolas Paul, interroge le spectateur mais celui-ci peut aussi se laisser porter par l'action. Par son rythme soutenu de changements de tableaux, elle déstabilise. Les danseurs enchaînent les mouvements comme des réponses arrogantes les uns aux autres et Wayne McGregor instaure des ruptures très nettes qui lancent dans des directions, des pistes. Le sextet est traversé par des ondes électriques incarnées par les danseurs les plus toniques du ballet dont Simon Valastro étonnant de maîtrise ou Laurène Levy, élastique à souhait, mais aussi Dorothée Gilbert, comme si elle était sous acide ou Mathias Heymann survolté...

Audric Bezard - Agnès Letestu

Après une série d’échanges désincarnés par couples ou trio, mixte ou non, des relations semblent se nouer dans les duos principaux, un étonnant Audric Bezard accompagnant avec fluidité Agnès Letestu ou Stéphane Phavorin, tout aussi flexible avec Alice Renavand. Marie-Agnès Gillot et Benjamin Pech ou Christophe Duquenne et Stéphanie Romberg se toisent, s’affrontent sans se heurter dans un mouvement lent et hypnotique.

Christophe Duquenne - Stéphanie Romberg

Au centre de la scène, pris dans l’enfermement d’un rectangle maléfique qui se déplace, ils exposent des esquisses de sentiments. C’est en laissant sa compagne endormie que l’homme relance une dernière fois un monologue spectaculaire avant de laisser place à la galerie de l’évolution. Peut-être l’instant le plus discutable, en tout cas le plus dispensable dans le spectacle. Des projections qui centrent sur le propos darwinien de Wayne McGregor, comme s’il n’était pas certain que les incroyables extrêmes dans lesquels il pousse la flexibilité des danseurs ne se suffisaient pas à eux-mêmes pour montrer que l’homme n’est plus ce qu’il était, la mutation du papillon, le lion prédateur, oui, ok…

Christophe Duquenne


Ce moment de répit qui tourne sinon à l’hallucination, frôle en tout cas le test de résistance à l'épilepsie, débouche sur un grand moment de jubilation chorégraphique. Le corps de ballet prend la scène avec l’intention unique de faire tourner la tête au spectateur, vitesse et précision des mouvements, mobilité sur scène, échanges de partenaires, tout concourt au paroxysme de l’énergie.



mardi 10 novembre 2009

Emeraudes/Rubis/Diamants


Stéphane Bullion & Mélanie Hurel, Séverine Westermann, Alessio Carbone, Sarah Kora Dayanova, Isabelle Ciaravola & Christophe Duquenne

A Paris, Joyaux a étendu ses distributions aux danseurs qui présentaient Giselle lorsque la compagnie était à Montpellier et à Grenoble, et plus ou moins remodelé ou diversifié des paires qui s’étaient produites en province. Mais avec cette série parisienne, l’Opéra a surtout offert (timidement mais quand même assez clairement pour le souligner) à des danseurs moins connus de la compagnie l’occasion de danser des rôles où ils ne sont pas souvent mis en exergue, les ballets plus classiques étant construits traditionnellement autour d’un duo, voire d’un trio de solistes, apanage des Etoiles et des Premiers danseurs, ou les ballets contemporains qui utilisent peu de danseurs et sont moins centrés sur l’individualisme.

Axel Ibot, Séverine Westermann & Sarah Kora Dayanova

A partir de la solide base érpouvée en octobre, un turnover léger mais perceptible a permis de voir quelques individualités plus rares, Sarah Kora Dayanova s’est illustrée dans Emeraudes et Diamants, s’affirmant avec toujours une précision et une musicalité très balanchinienne. Dans Emeraudes avec Axel Ibot, Pauline Verdusen ou Séverine Westermann, dans Rubis, Vanessa Legassy ou Sabrina Mallem, et dans les quatuors de Diamants avec ces deux dernières, Héloïse Bourdon, Laure-Adélaïde Boucaud, Fanny Gorse ou Karine Villagrassa, Grégory Dominiak, Florimond Lorieux, Julien Meyzindi ou Yann Saïz par exemple


Emeraudes est condamné à répandre sa mélancolie devant une salle qui n’est pas encore remise de l’agitation parisienne et ne récupère pas de sa torpeur une fois l’opus terminé. Si la chorégraphie semble diluée dans la musique évaporée de Fauré, l’avantage de la série parisienne est qu’elle a confronté des interprétations très marquées par la personnalité des danseurs.

Isabelle Ciaravola & Christophe Duquenne

Isabelle Ciaravola a apporté une clarté lumineuse dans le premier couple. Son port de bras aquatique et sa danse très fluide ont rendu le solo de la fileuse moins mièvre que ses collègues, alors qu’Eve Grinsztajn reste la Sicilienne la plus à l’aise.

Mélanie Hurel & Stéphane Bullion

Yann Bridard et Stéphane Bullion ont diffusé leur sérénité lunaire et triste dans cet univers de sourires un peu niais, appelant définitivement à la rêverie.

Eve Grinsztajn & Yann Bridard

Christophe Duquenne est un danseur d’une élégance rare qui se personnifie dans une danse fluide s’harmonisant parfaitement avec celle d’Isabelle Ciaravola. Il a par ailleurs la chance d’avoir un sourire naturel qui n’évoque pas la stupidité, c’est un atout qui confère à son interprétation la qualité en plus pour danser du Balanchine avec majesté et respect.

C’est donc Rubis qui réveille et il est certain que l’interprétation d’Aurélie Dupont, Marie-Agnès Gillot et Mathias Heymann est décapante.

Aurélie Dupont & Mathias Heymann


Toutefois, si on va un peu plus loin dans l’exigence de satisfaction, celle du trio Jérémie Bélingard, Emilie Cozette et Clairemarie Osta semble moins terre à terre et plus inspirée. En effet chez les premiers, seule leur incroyable maîtrise technique leur permet d’éviter le ridicule qu’ils côtoient constamment avec danger…

Mitéki Kudo, Emilie Cozette & Axel Ibot

Ce parti pris, ou cette limite personnelle, n’appporte pas grand-chose à l’œuvre alors que Jérémie Bélingard et Clairemarie Osta habitent la chorégraphie pour la rendre humaine et gommer les passages les plus kitch dans des contournements assez judicieux.

Vanessa Legassy

Les autres trios ont paru plus modestes, un peu mous malgré une très belle performance de Sabrina Mallem, plutôt dynamique sans forcer et la finesse de Vanessa Legassy qui a moins de facilités techniques mais qui utilise le charme à plein.


Diamants. Diamants, c’est l’extase du public au son des flons flons de Tchaïkovski… Sous le vernis, la délicate Delphine Moussin aurait mérité mieux que Mathieu Ganio, pas très bon partenaire, pour faire ses débuts.

Delphine Moussin & Mathieu Ganio

Son port de bras délicat émerveille, et même si elle incarne moins la volupté qu’Emilie Cozette qui semble beaucoup s’amuser dans Diamants, elle reste une ballerine qui touche dès ses premiers pas sur scène. Emilie Cozette et Christophe Duquenne dialoguent avec finesse et charme dans l’adage, la coquette inatteignable et parfois mutine, le charmeur sûr de son art.

Emilie Cozette & Christophe Duquenne

Les deux distillent une danse extrêmement musicale qui fait défaut aux autres couples plus heurtés ou plus hiératiques. Ils ne sombrent jamais dans l’exhibition à laquelle la musique appelle quelquefois assez vulgairement et restent plutôt naturels.

Christophe Duquenne

dimanche 8 novembre 2009

Répliques

Instants de Répliques
avec
Stéphane Bullion et Isabelle Ciaravola



samedi 7 novembre 2009

Amoveo-Répliques-Genus 7-22 novembre 2009



Amoveo
Musique - Philip Glass (Einstein on the Beach (1976), Extraits : Bed (Prélude), Trial I, Trial 2 / Prison (“I Feel the Earth move”), Bed (Aria), Knee 4)
Chorégraphie - Benjamin Millepied
Décors et costumes - Paul Cox
Lumières - Madjid Hakimi
Assistant du chorégraphe - Jean-François Kessler
Première version de ce ballet créée pour le ballet de l'Opéra de Paris le 10 novembre 2006 - Nouvelle version 2009
Durée: 22mn

Aurélien Houette, Ludmila Pagliero, Audric Bezard, Eve Grinsztajn, Florian Magnenet, Benjamin Millepied, Aurélie Dupont, Nicolas Le Riche, Alice Renavand, Sébastien Bertaud, Marie-Solène Boulet, Marc Moreau

Repliques
Musique - György Ligeti (Monument, Selbsportrait, Bewegung (Monument, In Zart Fliessende Bewegung, 1976), Musica Ricercata (II. Andante misurato e tranquillo, Omaggio a Girolamo Frescobaldi, 1951-1953), Trio (IV. Lamento, Adagio, 1982)
Chorégraphie - Nicolas Paul
Décors - Paul Andreu
Costumes - Adeline André
Lumières - Madjid Hakim
Durée: 23mn
Création

Isabelle Ciaravola, Stéphane Bullion, Muriel Zusperreguy, Josua Hoffalt, Chistelle Granier, Jean-Christophe Guerri, Charlotte Ranson, Bruno Bouché

Genus
Musique originale - Joby Talbot et Deru (Transmutation, Genus, Le grand arbre de la vie, partition électroacoustique pour voix et cordes)
Chorégraphie - Wayne Mcgregor
Décors et costumes - Vicki Mortimer
Vidéo - Ravi Deepres
Lumières - Lucy Carter
Assistante du chorégraphe - Odette Hughes
Ballet créé pour le ballet de l'Opéra de Paris le 26 novembre 2007
Durée: 44mn

Créateurs et danseurs de Genus