Le Rendez-vous
Chorégraphie - Roland Petit (1945)
Argument - Jacques Prévert
Musique originale - Joseph Kosma
Décors - Brassaï
Rideau de scène - Pablo Picasso
Costumes - Mayo
Lumières - Jean-Michel Désiré
Ballet entré au répertoire de l'Opéra de Paris le 11 mars 1992
Pascal Aubin |
Argument (source : opéra de Paris)
Premier tableau
Devanture d'un bal musette de la banlieue parisienne, Sans aucun pittoresque. Sur un transparent rouge, Simplement le mot : Bal.
Dans un coin, deux amants très jeunes, immobiles, serrés l'un contre l'autre, s'embrassent sans bouger. Quelques clients sortent du bistro : un petit bossu crasseux, un maquereau avec une femme, une marchande de fleurs. Ils restent là, devant la porte, comme les gens qui ne savent pas où aller...
La porte du bistro s'ouvre, un clochard ivre apparaît, genre de clochards qui vont à la terrasse des cafés, et qui laissent sur les tables de petits prospectus prédisant l'avenir aux clients. On aperçoit, derrière lui, le patron qui le vire. Le clochard, dans un grand geste, perd ses prospectus et va s'écrouler dans un coin.
Il regarde les amoureux et chante, très simplement, Sans un geste et presque immobile...
Les noctambules traînent devant le bistro. La bonne vient leur dire de s'en aller. Le bossu la prend et la fait danser. Les autres dansent aussi, mornes, sans entrain, tout en se moquant des deux amoureux, toujours immobiles, serrés l'un contre l'autre.
Danse du bossu.
Alors arrive le jeune homme. Le clochard se lève et titubant s'avance. Le jeune homme frappe à la porte du bistro, il a envie de s'amuser. Le clochard lui remet un dernier prospectus... Machinalement, le jeune homme le regarde. Les autres s'approchent à leur tour. Ils l'entourent et l'observent, leurs regards se figent sur lui. Tout le monde devient subitement très triste.
Danse de la panique.
Le jeune homme consterné est soudain pris de panique et de désespoir. La femme saoule se signe. La marchande de fleurs se prend la tête entre les mains et tourne sur elle-même en pleurant. Toute la troupe est agitée.
Les clients prennent la fuite. Le jeune homme, les mains dans les poches, s'en va aussi, toujours désespéré, mais malgré tout désinvolte avec autour de lui, le bossu attentif, bavard et toujours consolateur, surtout curieux. Éclairés par la Lune les amoureux apparaissent toujours immobiles.
Deuxième tableau
Un pilier de pierre du métro parisien, entre la Glacière et la Porte d'Italie. La blancheur de cette pierre accroche les lumières de la nuit.
Contre le pilier de pierre, les amoureux, debout, s'embrassent... Puis, toujours serrés l'un contre l'autre s'en vont et disparaissent dans la nuit. Le jeune homme arrive, traînant les pieds vers son dérisoire destin...
Le jeune homme arrive avec le bossu. C'est la danse de l'homme qui marche traînant les pieds vers son dérisoire destin. Il est railleur, sceptique, mais las et tout de même très inquiet. Derrière lui, devant lui, autour de lui le bossu marche, important et prétentieux, lamentable et monstrueux, petit dandy crapuleux et infirme. Mais soudain le bossu prend peur. Affolé, il se touche sa bosse pour conjurer le sort. L'affolement gagne le jeune homme inquiet et perdu.
Danse du bossu et du Jeune homme.
Finalement le bossu s'enfuit, et le jeune homme reste seul, inquiet, perdu.
Apparition du destin.
Le destin surgit de l'ombre, derrière le pilier blanc et il apparaît, absurde et sûr de lui, vêtu dérisoirement de noir, comme un misérable Auguste sur la piste d'un cirque abandonné. Ses gestes sont souples et simples, son visage indifférent et lointain émerge au-dessus de la fraise Henri II, comme un grand sourire blême, lunaire. Le jeune homme d'abord, reste figé sur place et le destin s'adossant contre le pilier blanc regarde. Malgré lui le jeune homme, parce qu'il ne peut pas faire autrement, s'approche de lui.
Le destin sort de la poche de sa redingote un rasoir, l'ouvre en hochant la tête avec une insupportable bonhommie, alors le jeune homme plaide sa cause et montre en dansant, qu'il tient à la vie. Mais l'autre, automate simple et froid, irresponsable «n'y pouvant rien» secoue doucement la tête: «Vous avez reçu votre feuille, les carottes sont cuites, il n'y a pas à discuter. » Alors le désespoir s'empare du jeune homme, mais dans l'énergie même de son désespoir, subitement l'idée lui vient de mentir au destin. Et il invente en dansant qu'il a rendez-vous, le matin même, avec une merveilleuse fille, avec la plus belle fille du monde. Et il danse le désir qu'il a d'elle et ce grand amour, dont il a, comme tous les hommes, rêvé. «C'est vrai» répond sans rien dire le destin, tout à coup très attentif, très intéressé, ému même, «tu as rendez-vous avec elle, c'est l'exacte vérité.» Et repliant son rasoir, il le place avec beaucoup de délicatesse dans la poche supérieure du veston du jeune homme. Il disparaît. Le jeune homme éclate alors de rire, comme s'il sortait d'un mauvais rêve. Le bossu revient et le questionne stupéfait et même un peu déçu. Le jeune homme l'entraîne. Contents d'avoir possédé le destin, ils s'en vont en dansant.
Troisième tableau
Extérieur du bal.
Danse de la petite marchande de fleurs.
Le jeune homme arrive et le bossu le suit, tournant et clopinant. Ils sont tout joyeux. Ils vont boire. Soudain, le jeune homme s'arrête net. La femme, belle comme le jour, la «plus belle fille du monde» qu'il avait si habilement décrite, apparaît devant lui. Ils dansent, ils s'embrassent.
Comblé par des caresses, le jeune homme ne remarque pas que la main de la jeune fille glisse sur le rasoir. Et brusquement, elle lui tranche la gorge... Il s'écroule. Le destin apparaît, siffle dans ses doigts. La femme le rejoint. Ils disparaissent tous les deux. Le jeune homme a un dernier sursaut et retombe mort. Les amoureux traversent la scène, immobiles, enlacés.
Devanture d'un bal musette de la banlieue parisienne, Sans aucun pittoresque. Sur un transparent rouge, Simplement le mot : Bal.
Dans un coin, deux amants très jeunes, immobiles, serrés l'un contre l'autre, s'embrassent sans bouger. Quelques clients sortent du bistro : un petit bossu crasseux, un maquereau avec une femme, une marchande de fleurs. Ils restent là, devant la porte, comme les gens qui ne savent pas où aller...
La porte du bistro s'ouvre, un clochard ivre apparaît, genre de clochards qui vont à la terrasse des cafés, et qui laissent sur les tables de petits prospectus prédisant l'avenir aux clients. On aperçoit, derrière lui, le patron qui le vire. Le clochard, dans un grand geste, perd ses prospectus et va s'écrouler dans un coin.
Il regarde les amoureux et chante, très simplement, Sans un geste et presque immobile...
Les noctambules traînent devant le bistro. La bonne vient leur dire de s'en aller. Le bossu la prend et la fait danser. Les autres dansent aussi, mornes, sans entrain, tout en se moquant des deux amoureux, toujours immobiles, serrés l'un contre l'autre.
Danse du bossu.
Nicolas Le Riche |
Danse de la panique.
Le jeune homme consterné est soudain pris de panique et de désespoir. La femme saoule se signe. La marchande de fleurs se prend la tête entre les mains et tourne sur elle-même en pleurant. Toute la troupe est agitée.
Les clients prennent la fuite. Le jeune homme, les mains dans les poches, s'en va aussi, toujours désespéré, mais malgré tout désinvolte avec autour de lui, le bossu attentif, bavard et toujours consolateur, surtout curieux. Éclairés par la Lune les amoureux apparaissent toujours immobiles.
Deuxième tableau
Un pilier de pierre du métro parisien, entre la Glacière et la Porte d'Italie. La blancheur de cette pierre accroche les lumières de la nuit.
Contre le pilier de pierre, les amoureux, debout, s'embrassent... Puis, toujours serrés l'un contre l'autre s'en vont et disparaissent dans la nuit. Le jeune homme arrive, traînant les pieds vers son dérisoire destin...
Le jeune homme arrive avec le bossu. C'est la danse de l'homme qui marche traînant les pieds vers son dérisoire destin. Il est railleur, sceptique, mais las et tout de même très inquiet. Derrière lui, devant lui, autour de lui le bossu marche, important et prétentieux, lamentable et monstrueux, petit dandy crapuleux et infirme. Mais soudain le bossu prend peur. Affolé, il se touche sa bosse pour conjurer le sort. L'affolement gagne le jeune homme inquiet et perdu.
Danse du bossu et du Jeune homme.
Finalement le bossu s'enfuit, et le jeune homme reste seul, inquiet, perdu.
Apparition du destin.
Michaël Denard - Nicolas Le Riche |
Le destin surgit de l'ombre, derrière le pilier blanc et il apparaît, absurde et sûr de lui, vêtu dérisoirement de noir, comme un misérable Auguste sur la piste d'un cirque abandonné. Ses gestes sont souples et simples, son visage indifférent et lointain émerge au-dessus de la fraise Henri II, comme un grand sourire blême, lunaire. Le jeune homme d'abord, reste figé sur place et le destin s'adossant contre le pilier blanc regarde. Malgré lui le jeune homme, parce qu'il ne peut pas faire autrement, s'approche de lui.
Le destin sort de la poche de sa redingote un rasoir, l'ouvre en hochant la tête avec une insupportable bonhommie, alors le jeune homme plaide sa cause et montre en dansant, qu'il tient à la vie. Mais l'autre, automate simple et froid, irresponsable «n'y pouvant rien» secoue doucement la tête: «Vous avez reçu votre feuille, les carottes sont cuites, il n'y a pas à discuter. » Alors le désespoir s'empare du jeune homme, mais dans l'énergie même de son désespoir, subitement l'idée lui vient de mentir au destin. Et il invente en dansant qu'il a rendez-vous, le matin même, avec une merveilleuse fille, avec la plus belle fille du monde. Et il danse le désir qu'il a d'elle et ce grand amour, dont il a, comme tous les hommes, rêvé. «C'est vrai» répond sans rien dire le destin, tout à coup très attentif, très intéressé, ému même, «tu as rendez-vous avec elle, c'est l'exacte vérité.» Et repliant son rasoir, il le place avec beaucoup de délicatesse dans la poche supérieure du veston du jeune homme. Il disparaît. Le jeune homme éclate alors de rire, comme s'il sortait d'un mauvais rêve. Le bossu revient et le questionne stupéfait et même un peu déçu. Le jeune homme l'entraîne. Contents d'avoir possédé le destin, ils s'en vont en dansant.
Isabelle Ciaravola - Nicolas Le Riche |
Extérieur du bal.
Danse de la petite marchande de fleurs.
Le jeune homme arrive et le bossu le suit, tournant et clopinant. Ils sont tout joyeux. Ils vont boire. Soudain, le jeune homme s'arrête net. La femme, belle comme le jour, la «plus belle fille du monde» qu'il avait si habilement décrite, apparaît devant lui. Ils dansent, ils s'embrassent.
Comblé par des caresses, le jeune homme ne remarque pas que la main de la jeune fille glisse sur le rasoir. Et brusquement, elle lui tranche la gorge... Il s'écroule. Le destin apparaît, siffle dans ses doigts. La femme le rejoint. Ils disparaissent tous les deux. Le jeune homme a un dernier sursaut et retombe mort. Les amoureux traversent la scène, immobiles, enlacés.
Le Loup
Argument - Jean Anouilh et Georges Neveux
Musique originale - Henri Dutilleux
Décors et costumes - Jean Carzou
Lumières - Jean-Michel Désiré
Ballet entré au répertoire de l'Opéra de Paris le 18 mars 1975
Stéphane Bullion - Emilie Cozette |
Argument (source : opéra de Paris)
Le jour même de ses noces, un jeune marié trop insouciant s'enfuit avec une bohémienne. Grâce à la complicité d'un montreur d'animaux, il fait croire à sa jeune femme qu'il s'est changé en loup. La mariée s'en va donc au bras de celui qu'elle prend pour son époux.
Mais, peu à peu, elle découvre que ce loup qui est son compagnon... est un vrai loup. Sa première frayeur passée, elle se sent attirée par cet être qui, à l'inverse des hommes, est incapable de faiblesse ou de mensonge. Aussi, quand les gens du village découvriront qu'un loup vit parmi eux, ils lui feront la chasse. Elle le défendra et mourra avec lui.
Mais, peu à peu, elle découvre que ce loup qui est son compagnon... est un vrai loup. Sa première frayeur passée, elle se sent attirée par cet être qui, à l'inverse des hommes, est incapable de faiblesse ou de mensonge. Aussi, quand les gens du village découvriront qu'un loup vit parmi eux, ils lui feront la chasse. Elle le défendra et mourra avec lui.
Emilie Cozette - Christophe Duquenne |
Premier tableau
La place du village, aux abords d'une forêt.
La baraque d'un montreur de bêtes. Le loup fait ses tours. Les badauds s'assemblent autour de la baraque. Le loup fait encore quelques tours.
1ère danse de la bohémienne. Première transformation d'un badaud en bête. Seconde transformation d'un badaud.
Entrée de la noce.
2e Danse de la bohémienne. Le jeune homme la regarde intensément. Nouvelle transformation d'un badaud en bête. Transformation du jeune homme en loup. Nouvelle transformation du jeune homme... qui retrouve son vrai visage. Ils partent pour l'église... Ils s'éloignent.
3e Danse de la bohémienne. Hanté par la jeune bohémienne, le jeune homme quittant l'église, revient une première fois. Ils flirtent. Elle lui demande de l'argent. On vient chercher le jeune homme. Il part à regret pour l'église. Le petite bohémienne seule. Le jeune homme revient pour la seconde fois. Le jeune homme danse avec la bohémienne. Leur danse se fait plus chaleureuse. Il explique qu'il veut la suivre. Elle lui demande de l'argent. Précipitamment, le montreur de bêtes se prépare à transformer le jeune homme, mais cette fois, il l'échange réellement contre le loup. La fiancée vient elle-même chercher le jeune homme. Elle emmène le loup qu'elle prend pour le jeune homme et se dirige en hâte vers l'église pour la bénédiction du mariage. Le montreur d'ours emballe rapidement sa baraque. Le montreur, la bohémienne, le jeune homme s'en vont tous trois. Ils s'éloignent et ils quittent la scène. La noce sort de l'église en cortège et entre en scène.
Stéphane Bullion - Emilie Cozette |
Deuxième tableau
Le cortège accompagne les mariés chez eux.
Leur maisonnette est perchée dans la forêt. La famille les quitte en leur souhaitant le bonheur Ils sont seuls, le loup se tapit dans un coin, la nuit tombe. La jeune fille danse. Elle essaie d'entraîner celui qu'elle croit être son mari mais la peur l'envahit peu à peu. Le loup fait quelques pas vers elle Mouvement d'effroi. Elle recule, il s'approche à nouveau. Nouvel effroi : elle comprend qu'il s'agit d'un vrai loup. Il s'approche encore un peu plus. Elle est épouvantée. Le loup s'arrête enfin. II comprend la misère de sa condition. Bouleversée, la jeune fille s'approche a son tour de lui et, prise de pitié, elle le caresse doucement.
Stéphane Bullion - Emilie Cozette |
Le montreur de bêtes explique l'erreur. Il prend le loup et prépare le jeu de ses transformations. Le loup est échangé contre le jeune homme. Stupéfaction de la foule. Étonnée, la mariée s’approche en hésitant du jeune homme. Le jeune homme veut la saisir, mais elle le repousse Le loup sort de sa cachette, s'empare de la belle et se sauve avec elle.
Stéphane Bullion - Emilie Cozette |
Le loup et la belle dans la forêt.
Le loup et la belle tendent l'oreille au son des appels des paysans. Le son des trompes se rapproche, les paysans gagnent, peu à peu du terrain sur les fugitifs. Une deuxième vague de chasseurs entoure le loup et la belle. Les poursuivants affluent de tous côtés. Les paysans foncent sur le loup avec leurs fourches. Le loup est touché. Il tombe.
Danse de mort du loup. La belle s'accroche à lui, mais elle est elle-même blessée à mort Les villageois les séparent avec difficulté. Ils soulèvent le corps de la belle et l'emportent sur leurs épaules. De l'autre côté, on traîne le loup comme un sac de son.
Le jeune homme et la mort
Chorégraphie - Roland Petit (1946)
Livret - Jean Cocteau
Musique - Jean Sébastien Bach Passacaille en do mineur BWV 582
Orchestration - Alexandre Goedicke
Décors - Georges Wakhevitch
Costumes d’après Karinska
Ballet entré au répertoire de l’Opéra de Paris le 5 avril 1990
Jérémie Bélingard - Alice Renavand |
Argument (source opéra de Paris)
Dans un atelier, un jeune homme seul attend.
Entre la jeune fille qui était la cause de sa détresse.
Il s’élance vers elle. Elle le repousse. Il la supplie.
Elle l’insulte, le bafoue et s’enfuit. Il se pend.
La chambre s’envole. Ne reste que le corps du pendu.
Par les toits, la Mort arrive en robe de bal.
Elle ôte son masque : c’est la jeune fille.
Alors elle pose son masque sur le visage de sa victime.
Ensemble ils s’en vont par les toits.
Jérémie Bélingard - Alice Renavand |