mardi 26 juillet 2011

mercredi 20 juillet 2011

Saison 2010-2011

Roland Petit
Rendez-vous, Le loup, Le Jeune homme et la mort
22 septembre-9 octobre 2010, Opéra Garnier
Programme - Recension
Le Jeune homme et la mort - Hommage - Artistes


Paquita
Pierre Lacotte
18 octobre - 7 novembre 2010, Opéra Garnier
Programme - Recension
Stéphane Bullion-Emilie Cozette-Yann Saïz
Adieux de Bertrand Belem

Le Lac des cygnes
Rudolf Noureev d'après Marius Petipa et Lev Ivanov
29 novembre 2010 - 5 janvier 2011, Opéra Bastille
Programme - Recension
RothbartOdette et Rothbart - SiegfriedOdette et Siegfried - Odile - Odette
Rencontre - Objectif Lac

George Balanchine - Trisha Brown - Pina Bausch
Apollon, O Zlozony / O Composite, Le Sacre du printemps
10-31 décembre 2010, Opéra Garnier
Programme
Rencontre Apollon

Caligula
Nicolas Le Riche
31 janvier - 24 février 2011, Opéra Garnier
Première - Recension
Mnester - Dérision 

Coppélia
Patrice Bart
17-30 mars 2011, Opéra Garnier
ProgrammeAdieux Patrice Bart 
Rencontre 

Roméo et Juliette
Rudolf Nouréev
11-30 avril 2011, Opéra Bastille
Programme - Recension
Tybalt 


Mats Ek
La Maison de Bernarda - Une Sorte de...
20-29 avril 2011,  Opéra Garnier
Programme - Recension
L'Homme - Rencontre 

Rain
Anne Teresa De Keersmaeker
25 mai - 7 juin 2011, Opéra Garnier
Programme - Recension

L'Anatomie de la sensation
Wayne McGregor
2 juillet - 15 juillet 2011, Opéra Bastille
Programme- Recension 
Rencontre


Les Enfants du Paradis
José Martinez
30 juin - 15 juillet 2011, Opéra Garnier
Programme - Recension
Baptiste 
Adieux de Miteki Kudo - Adieux de José Martinez

lundi 18 juillet 2011

Les Enfants du Paradis

Stéphane Bullion (solo de l'acte 2 au théâtre des Funambules)
La luxuriance de l’histoire racontée par José Martinez fait apparaître des oasis dans lesquels il faut plonger pour découvrir des individus très bien caractérisés qui nourrissent de leur force la fresque grandiloquente. En cette période de créations souvent ascétiques et épurées, la mise en ballet du film de Marcel Carné joue sur la profusion et les couleurs chatoyantes des costumes d’Agnès Letestu en rajoutent sans doute un peu. Le ballet, plus que le film, met en exergue de multiples personnages dont l’importance se dilue un peu même si elle est intrinsèque à l’histoire.
Mettre en ballet ce film culte, est à double tranchant. Si la trame est solide, les images des acteurs, à une époque où l’excès de  théâtralité était de mise, ayant marqué les rôles sont également très fortes. Elles laissent cependant une marge pour s’en écarter. Dans cet esprit, les danseurs qui abordaient dans cette série les rôles pour la première fois ont peut-être bénéficié de la distance prise avec le film pour cette première reprise. De fait, les distributions proposées en 2011 présentent des spectacles assez différents et le ballet narratif met parfaitement à l’honneur les choix interprétatifs de ses danseurs.

Stéphane Bullion (Mime sur le boulevard du Temple - Acte 1)


Le scénario tourne autour de la relation triangulaire, Baptiste/Garance/Nathalie parasitées par moment par trois hommes, Lacenaire, Frédérick et le Comte, pour mettre en exergue l’amour irréalisable de Baptiste et Garance, finalement en filigrane dans la peinture d’un monde et d’une époque. Le ballet s’appuie sur trois pantomimes de Baptiste rythment le cours de l’histoire. Celle où sauvant Garance de la police, il la séduit. Celle où il découvre la relation entre Garance et Frédérick  qui provoque son rapprochement avec Nathalie et celle où il retrouve Garance une fois sa vie avec Nathalie établie.

Stéphane Bullion - Agnès Letestu (dans la pension de Madame Hermine -  Acte 1)

En mêlant les styles chorégraphiques, José Martinez caractérise ses personnages de manière fine et parfois peu évidente. Baptiste le mime est le plus complexe. Singularité du double rôle, le mime Deburau et Baptiste l’idéaliste, la chorégraphie contemporaine qui lui est dévolue place définitivement le personnage dans un autre paradigme, où finalement, il rejoindrait le triste Lacenaire, son pendant version irrémédiablement sombre. Si le mime est terrien, l'amoureux s'élève et entre dans le jeu classique, quand il danse avec Garance ou Nathalie. Mais dans l'ensemble, face à l’éclat de Frédérick Lemaitre, la pureté des lignes du comte, Baptiste doit sortir son charme de son visage dans les mimes et du sol dans sa danse.

Stéphane Bullion (solo de Baptiste dans la loge de Garance - Acte 1)

Mathieu Ganio qui a créé le rôle, présente un Baptiste linéaire, rêveur dans son mime comme dans la vie. Le personnage est simple, il se laisse porter par les événements, peu véhément lorsqu’il refuse l’amour de Nathalie, on comprend alors bien pourquoi il va lui céder, mais aussi peu incisif face à Garance, qu’il va naturellement laisser s’échapper. Il est vrai qu’Isabelle Ciaravola est une croqueuse d’homme qui irradie sur scène comme un diamant en plein soleil, laissant peu de place à qui la côtoie. Cela dit, il ne saisit pas vraiment sa chance non plus avec Ludmila Pagliero qu’il éteint même un peu alors que Stéphane Bullion, avec qui il avait la chance de la partager pour chacun une représentation, met beaucoup plus en valeur le dynamisme de son  tempérament dans des interactions électriques.

Isabelle Ciaravola (le carnaval - Acte 2)

Mathieu Ganio laisse alors l’impression d’un Baptiste asexué, qui même dans l’ultime pas de deux, ne voit guère plus qu’une image dans sa partenaire. Il s'applique à polir sa danse au plus haut point mais parfois met trop de fluidité lorsqu’il y aurait besoin d’épaisseur dramatique et de rendre les mouvements de l’ultime passion. Somme toute, lorsque Garance s’enfuie, on ne croit pas qu’il veut la rejoindre, il est tellement plus beau pour l'histoire qu'elle parte. Mais il n’avait pas beaucoup de chance avec Isabelle Ciaravola qui parcoure le ballet avec une joie de danser au premier acte et une classe unique dans le deuxième. A la différence de son Baptiste, son excellence théâtrale joue à plein et chaque pas est magnifié par sa flamboyante personnalité, débordant d’un charisme rare, même dans le malheur. A cet égard et paradoxalement,  le pas de deux mortifère avec le comte de Christophe Duquenne est presque le moment le plus émouvant du ballet.

Isabelle Ciaravola - Christophe Duquenne (chez le comte de Montray - Acte 2)
Stéphane Bullion a délibérément adopté le parti pris de dépeindre de manière différente Baptiste le mime et Baptiste l’amoureux. Autant l’un est affirmé et magistral, rayonnant sur scène et maître de son image, autant l’autre est timide, lunaire et fuyant, d'ailleurs ici aussi de diverses manières, dans ses rapports avec Garance comme avec Nathalie. Le visage professionnel du mime Deburau est l’incarnation de son succès, drôle et efficace, il domine la scène dans les pantomimes d’une subtilité étonnante. L’inverse d’un Baptiste d’évidence mal à l’aise dans le monde, terrorisé par la volonté des femmes qui l’entourent, la trop sérieuse Nathalie qui ne le fait pas rêver, et l’insouciante Garance, celle de Ludmila Pagliero, plus proche car plus amoureuse  que celle d’Agnès Letestu, séductrice affirmée qui semble se jouer de lui. Son Baptiste pur incarne la sincérité, celle du doute dans la chambre de Garance au premier acte lorsqu’il la refuse mettant alors en exergue ses craintes et sa timidité, ou celle de la fougue et la violence des sentiments trop longtemps contenus dans le pas de deux de la seconde époque.

Stéphane Bullion (sur le boulevard du Temple - Acte 1)

Au delà d’un personnage nourri de sentiments divers, Stéphane Bullion est puissamment impliqué dans la signification de sa danse, le solo de la colère terriblement ancré dans le sol mais perclus de sensualité ce qui lui donne son explosivité sensorielle. La colère chez lui est sentimentale, elle émane du corps autant que de l’esprit. Son Baptiste rêve à peine à ce que Garance lui cède, il cherche l’idéalisation de son amour. Cette ambigüité est d’autant plus flagrante avec la Garance d’Agnès Letestu qui cabotine au premier acte et ne semble avoir de regrets que sur elle-même dans le deuxième. Sa Garance, un rien égoïste, ne se pliera jamais à plus que de la nostalgie, alors que Ludmila Pagliero, plus en dialogue avec Baptiste, semble réellement pouvoir céder à la tentation de rester dans le dernier pas de deux qui la voit renaître à la joie. Stéphane Bullion, au summum de la fougue puis du désespoir dans sa variation voit Ludmila hésiter l’œil sincère, électrisée par les  étincelles de joie qui précèdent, alors qu’Agnès semble désespérément déjà loin.

Stéphane Bullion (devant la loge de Garance - Acte 2)

Bruno Bouché qui reprenait encore le rôle cette année s’inscrit plus dans la linéarité de Mathieu Ganio en marquant son personnage d’une touche infiniment triste et noire. C’est lui qui rend le Baptiste le plus malheureux de vivre, et cette tristesse se transmet dans son mime fataliste. La force dominante de sa caractérisation lui permet un peu de gommer une technique moins affirmée que ses deux collègues, même si l’aspect contemporain des chorégraphies de Baptiste correspond bien à son rapport très moderne au sol. On regrette un peu que sa partenaire ne le provoque pas plus dans ses retranchements, car Eve Grinsztajn semble également avoir abordé le rôle de manière aussi linéaire, les rapports entre les deux personnages manquant singulièrement de piment.

Stéphane Bullion - Clairemarie Osta (au théâtre des funambules - Acte 1)

Clairemarie Osta retrouvait avec bonheur Stéphane Bullion après leur émouvant Caligula dans le rôle de Nathalie. Peut-être parce que ces deux danseurs sont de très fins acteurs et qu’une alchimie certaine les unie, c’est dans cette distribution qu’on a vu un choix délibéré de Baptiste vers une aimante Nathalie, voix de la raison, plutôt qu’une volage Garance. Le rôle essentiel mais néanmoins ingrat de Nathalie laisse en effet une ouverture dans l'interprétation que chacune des danseuses choisies ont saisi avec des accents différents.   Muriel Zusperreguy et Mélanie Hurel et surtout Christelle Granier avec Mathieu Ganio, se sont en effet montrées plus incisives dans leurs démarches pour garder un Baptiste plutôt victime de leurs agissements que maître de ses choix.

Stéphane Bullion-Agnès Letestu- Florian Magnenet (Pantomime l'amoureux de la lune - Acte 1)
Les aléas du sort n’ont offert que deux Frédérick Lemaître cette saison suite à la défection d’Alessio Carbone. Le rôle se voyant dévolu le show off purement classique, Florian Magnenet et Karl Paquette ont recueilli moult acclamations d'un public retrouvant ses marques, en particulier après une première époque célébrant un rien plus l'art dramatique que l'art de la danse.
Florian Magnenet a dévoilé ici un aspect comique de son talent qu’on ne lui connaissait pas dans le mime, mais il a également pu déployer son  aisance technique à travers une danse impressionnante, grande et aérienne dans le ballet néo-classique avec ses ballerines,  ténébreux  ombrageux dans l'interacte d'Othello avec Charlotte Ranson et Pauline Verdusen, leste et agile avec la Garance d’Agnès Letestu.

Desdémone - Pauline Verdusen (Othello)

Dans l’ensemble, ce sont les hommes de cette dernière qui semblent avoir fait la distribution la plus homogène. Vincent Chaillet a campé un Lacenaire étourdissant de duplicité avec une classe assez significative, dans la danse comme dans le jeu, alors que Yann Saïz s’est montré un comte digne et aimant, sans doute moins retors que dans le film, mais n’ayant rien à envier au modèle créé et brillamment repris par Christophe Duquenne. Sébastien Bertaud n’a eu qu’une occasion de peaufiner son Lacenaire cette année mais il l’a fait de manière très marquante, un Lacenaire sournois et volubile, à l’opposé de celui de Vincent Chaillet, mais non moins efficace à provoquer quelques actions clés du ballet.

Stéphane Bullion - Vincent Chaillet (le bal chez le comte de Montray - Acte 2)

La fin de série des Enfants du Paradis a vu les adieux officiels de deux figures du ballet de l'Opéra de Paris. Il n’y a pas vraiment de sens à commenter artistiquement les adieux de José Martinez,  même si on annonce déjà qu'il va revenir danser la saison prochaine, pas plus que ceux de Miteki Kudo la veille, deux danseurs qui auront marqué leur génération. L'ambiance festive du carnaval qui scelle théâtralement l'échec de la relation entre Baptiste et Garance n'affectant que les amants,  leur a permis de fouler la scène dans la joie sans laisser place à la nostalgie.


samedi 16 juillet 2011

L'Anatomie de la sensation

Junior Addict

Wayne McGregor surfe sur les idées qui l’inspirent, peut-être ne faut-il pas chercher dans ses explications souvent intellectuellement bien documentées, autre chose que des catharsis, nécessaires et sublimant l’idée de sa danse électrique  plus pathologiquement ancrée dans le(s) sens des mouvements que dans le mouvement des sens, prenant naissance dans une puissance de l’image et de l’enchaînement des figures, mais finalement ici, en essence anatomiste. Dans l’Anatomie de la sensation, l’appui sur la musique de Mark-Anthony Turnage, elle-même une expérience de confrontation entre son vécu et sa perception de l’œuvre du peintre, donne une ouverture au-delà du contact linéaire à Francis Bacon.
Si de Bacon, il  semble donner l’écho d’un univers, plus que de l’œuvre elle-même, Wayne McGregors’approprie avec bonheur des images synthétiques prises plutôt à Gilles Deleuze ou John Maybury, comme ce fameux duo masculin introductif ou ce final, fin en soi d’un monde vécu par Bacon, que dans la production parfois symbiotique du peintre irlandais. Ainsi la conclusion répond à l’ouverture, comme un écho académique où le développement du propos prend corps dans les sept chapitres qu’elles encadrent.

Sweet and Decay
Quelle logique pour quel sens, quels sens ou sensation ? C’est sous forme de tableaux, manière dont il travaille habituellement et qui ici sert de clin d’œil symbolique au peintre, que Wayne McGregor lance des pistes, des ambiances. Plus qu’une gestuelle, différente pour chaque danseur, chaque couple qui va s’immerger dans une musique parfois ennemie lorsque le corps se rebelle, parfois amoureuse lorsque chaque geste en prolonge l’écho comme c’est le cas du solo du 2e mouvement ou dans le pas de deux central, Elegy for Andy, des instants de frénésie physique un brun humoristique dans Crackdow.

Mais la force de Wayne McGregor est qu’il livre une œuvre esthétique qui a une véritable ligne grâce à un vocabulaire qui lui est propre, des courbes des corps, des enchaînements saccadés mais toujours stylisés.  Celle-ci est placée dans une scénographie et des lumières bien pensées qui entraînent un plaisir visuel simple et brut.
Cet aspect permet aussi de recevoir l’Anatomie de la sensation sans un travail intellectuel que, bien sûr, chacun peut réaliser mais qui nécessite sans doute une recherche que d’aucun n’est pas forcément à même de faire, que ce soit par manque de temps, de capacité ou d’intérêt.

Shout

vendredi 15 juillet 2011

jeudi 14 juillet 2011

dimanche 10 juillet 2011

Hommage à Roland Petit (1924-2011)

Derniers saluts à son public parisien en septembre 2010

Pour retrouver l'oeuvre de Roland Petit au répertoire de l'Opéra de Paris
Catalogue de l'exposition, 12 janvier-21 avril 2008, Palais Garnier
(sous la direction d'Alexandre Fiette, ONP-Somogy éditions d'art, 2007)

dimanche 3 juillet 2011

Baptiste

Stéphane Bullion est Baptiste

samedi 2 juillet 2011

Anatomie de la Sensation 2-15 juillet 2011


L'Anatomie de la sensation
Musique - Mark Anthony Turnage (Blood on the Floor, 1994)
Chorégraphie - Wayne McGregor
Scénographie - John Pawson
Costumes - Moritz Junge
Lumières - Lucy Carter
Ensemble intercontemporain
Direction musicale Peter Rundel

Josua Hoffalt -Alice Renavand

Guitare électrique - John Parricelli
Batterie Jazz - Peter Erskine
Saxophone, clarinette - Martin Robinson
Guitare basse - Michel Benita
Son - Willi Bopp

Création mondiale


Distribution de la Première, 2 juin 2011
Jérémie Bélingard, Audric Bezard, Aurélie Dupont, Dorothée Gilbert, Marie-Agnès Gillot, Mathias Heymann, Josua Hoffalt, Myriam Ould-Braham, Alice Renavand, Simon Valastro