vendredi 16 novembre 2012

Don Quichotte 16 novembre - 31 décembre 2012



Don Quichotte
Ballet en un prologue et trois actes d'après quelques épisodes du roman de Miguel de Cervantès
Chorégraphie et mise en scène - Rudolf Noureev d'après Marius Petipa
Musique - Ludwig Minkus
Arrangements et orchestration - John Lanchbery
Décors - Alexandre Beliaev
Costumes - Elena Rivkina
Lumières - Philippe Albaric
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Direction musicale - Kevin Rhodes
Ballet créé pour le Ballet de l'Opéra de Paris le 6  mars 1981

Dorothée Gilbert - Karl Paquette

dimanche 11 novembre 2012

Sous apparence - Un jour ou deux


Emilie Cozette

Sous l'apparence, il n'y a rien d'autre que la lumière qui jaillit de la pénombre d’Un jour ou deux. Merce Cunningham est ici dépouillé de certains côtés irritants et même si l’œuvre pourtant fortement écourtée pour cette reprise reste encore un peu inutilement longue, le propos se tient magistralement sans contestation.
Emballage minimal mais convoquant John Cage et Jasper Johns, Merce Cunningham développe avec force sa vision d’une danse qui sort grandie de sa mise à nue. En imposant une esthétique du sombre, du minimalisme, de la précision et du mécanique, Merce Cunningham livre une œuvre léchée qui travaille une idée jusqu’au bout, qui fait corps dans ses pas, dans ses costumes, dans ses décors et dans sa musique. Rien ne déborde, tout est en marche unie pour porter son art au sommet.

Christelle Granier - Axel Ibot - Emilie Cozette - Yvon Demol - Caroline Robert

Pénétré d’intelligence, d’esthétisme et de richesse qui emmènent le public au-delà de la danse, mais à l’aide la danse, le ballet n’est pas une simple et excellente chorégraphie pour la démonstration de l’académisme de son langage ou le plaisir des yeux, il questionne. L’esquisse programmatique de la chorégraphie évoque la thématique kierkegaardienne de la reprise. Avec une insistance et un poids qui s’accroient au fur et à mesure du ballet, le spectateur prend peu à peu à sa charge, la tension qui s’installe dès l’apparition des danseurs derrière un voile au proscenium. Au son de la musique d’ambiance austère de John Cage, ils semblent se libérer au fur et à mesure que les mouvements les déplacent avec grâce et vitesse à travers la scène. Ils s'envolent presque parfois dans une sorte d'apesanteur qu'ils défient avec succès. Les danseurs de l'Opéra de Paris, pénétrés de conviction et plein d'allant se mettent admirablement au service de cette oeuvre collective à l'exigence technique et physique très élevée. 

Axel Ibot - Pauline Verdusen - Nicolas Paul

La scénographie limpide accentue la mise en valeur des ensembles, des positions, des élans dans les mouvements de groupe, véritables maîtres de la magie visuelle produite par des figures souvent très techniques. Les corps s’élèvent et se meuvent dans une harmonie empreinte de géométrie, des envolées transversales, des couches visuelles en profondeur avec la disposition d’un voile au fond de la scène derrière lequel le corps de ballet fait évoluer vision latérale et frontale.  La dynamique est obsessive, ce qui se passe sur scène est captivant voire envoûtant, la magie visuelle pénétrant dans l’esprit.
A la fois inscrit dans une époque mais résolument encore d'actualité, Un jour ou deux montre aussi en cela qu'il est un grand Cunningham.


Simon Valastro - Emilie Cozette - Valentine Colasante