samedi 28 mai 2011

Rencontre Anatomie de la sensation


Rencontre McGregor
Répétition de l'Anatomie de la sensation, Amphithéâtre Bastille, 28 mai 2011
avec Josua Hoffalt et Alice Renavand
Wayne McGregor et son mp3


mercredi 25 mai 2011

Rain 25 mai - 7 juin 2011


Musique – Steve Reich Music for eighteen musicians pour ensemble avec voix (1976)
Chorégraphie  - Anne Teresa De Keersmaeker (2001)
Décors et lumières - Jan Versweyveld
Costumes - Dries Van Noten
Assistantes aux costumes - Aouatif Boulaich, Anne-Catherine Kunz
Responsable des répétitions - Jakub Truszkowski
Répétitions - Marta Coronado, Cynthia Loemij, Ursula Robb, Clinton Stringer
Assurées avec la collaboration de Fumiyo Ikeda, Elizaveta Penkova, Taka Shamoto, Igor Shyshko
Ensemble Ictus et  Synergy Vocals
Direction Musicale - Georges-Elie Octors
Ingénieur du son - Alex Postier
Entrée au Répertoire

Ludmila Pagliero, Muriel Zusperreguy, Nicolas Paul, Aurélia Bellet

Propos (source : Opéra de Paris) : 

Rain, créée en 2001 pour dix danseurs, est la première œuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker qui entre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. Considérée comme l’une de ses pièces les plus ambitieuses, elle est composée sur l’une des grandes partitions de Steve Reich, Music for 18 Musicians, interprétée par l’ensemble Ictus, et s’inspire du roman éponyme de l’écrivain néo-zélandaise Kirsty Gunn. Longuement mûri, Rain a marqué le retour de la chorégraphe à une danse utilisant la musique pour unique support, après une période de créations plus théâtrales menées en collaboration avec sa sœur, le metteur en scène Jolente De Keersmaeker. On y retrouve sa véritable marque de fabrique, un désir d’épure qui cherche à « faire jaillir la vie » à travers une grande rigueur compositionnelle.

Ludmila Pagliero - Nicolas Paul

Distribution de la Première, 25 mai 2011
Léonore Baulac, Aurélia Bellet, Vincent Chaillet, Valentine Colasante, Miteki Kudo, Amélie Lamoureux, Ludmila Pagliero, Nicolas Paul, Daniel Stokes, Muriel Zusperreguy

dimanche 1 mai 2011

Roméo et Juliette



Retour sur la scène de l’Opéra Bastille du  Roméo et Juliette de Rudolf Noureev. Quelques regrets liminaires sur l’oubli que l’histoire de Shakespeare est à la fois une histoire de guerre de clans mais aussi une histoire d’amour. Or, pour qu’il y ait amour, il faut deux âmes qui vibrent ensemble, sur scène et la constitution des couples présentés cette année laisse un peu sceptique après ces trois semaines de représentations. Au finish, il reste beaucoup plus du conflit clanique que de l’émotion, certes un peu larmoyante, que véhicule l’imaginaire collectif au sujet de cette histoire. On sort de ce Roméo et Juliette, l’âme aussi légère que si on avait vu Don Quichotte.
 
Agnès Letestu
Peut-être une exception à mettre au crédit d’Agnès Letestu qui s’épanouit dans le malheur du troisième acte avec  une puissance tragique saisissante, face au dilemme de l’amour contradictoire, quelle porte (timidement) à Roméo et celui plus éclatant qu’elle témoigne à Tybalt assassiné. C’est peut-être l’accent sur ce rapport à Tybalt/Stéphane Bullion instauré dans le premier acte, et la relative réserve vis-à-vis de Roméo/Florian Magnenet qui lui donne la ressource d’exprimer ce sentiment dual qui est la source de son génie dramatique.

Agnès Letestu - Florian Magnenet
Mais quid de l’amour dans les rôles titres ? Peut-être les duos les plus adéquates sont à trouver chez Dorothée Gilbert et Josua Hoffalt et Isabelle Ciaravola et Karl Paquette. Les pas de deux sont ici porteurs d’un certain poids dramatique, si ce n’est de véritable passion. La paire Laëtitia Pujol/Mathieu Ganio souffre cruellement du parti pris constamment outrancier de Juliette qui, comme dans Le Lac des cygnes en décembre,  relègue son insignifiant partenaire à l’ombre de son surjeu, ce qui est tout à fait l’inverse de celle formée par une Myriam Ould-Braham inexistante avec un Christophe Duquenne d’une jovialité dont on doit plus  chercher l’origine dans le copinage avec Benvolio et Mercutio que dans sa relation avec Juliette. Il est quand même regrettable que Christophe Duquenne ait dû faire ce qui est peut-être son dernier Roméo avec une partenaire aussi peu présente scéniquement car il y a de la fraîcheur dans son personnage qui est tout à fait séduisante.

Christophe Duquenne (Roméo)  - Yann Saïz (Tybalt)
Le couple de la Première fait montre d’une danse plutôt enlevée, Laëtitia Pujol est d’une technicité époustouflante, Mathieu Ganio a de belles lignes, mais tout cette plastique  est gâchée par l’exaspération provoquée par les grimaces portées au rang du catalogue d’une Juliette qui masquent sans doute une incapacité à aborder la profondeur du rôle. Elles soulignent la jouissance de la danse per se et non l’intégration dans une histoire, et Laëtitia Pujol s’oublie souvent dans un lyrisme hors propos, voir laid et même ridicule. L’impression finale reste que les deux danseurs semblent ne pas se comprendre, ne pas danser ensemble mais côte à côte, très bien, mais sans impact dramatique ni émotionnel.

Isabelle Ciaravola - Karl Paquette

Isabelle Ciaravola maîtrise tout l’art dramatique avec une aisance inégalable. Elle est une fantastique Juliette/actrice, mais son partenaire Karl Paquette ne joue pas sur le même registre, adoptant un naturalisme qui met en porte-à-faux l’impression d’ensemble. Son parti pris de jouer un Roméo romantique et rêveur est bien mis en œuvre, il ne coïncide simplement pas avec celui de sa Juliette. Il en ressort un décalage parfois gênant, même si somme toute, l’impression d’un partenariat dans la danse est beaucoup plus évident que chez Laëtitia Pujol et Mathieu Ganio.

Arnaud Dreyfus (Frère Laurent) et Agnès Letestu - Florian Magnenet

Agnès Letestu forme un couple plutôt serein avec Florian Magnenet. A l’inverse d’Isabelle Ciaravola, son jeu théâtral est plus mesuré, elle oscille entre le naturalisme et le théâtre, ce qui correspond bien à son Roméo plutôt simple et nature. Le travail dramaturgique est présent sans se voir, c’est une qualité inestimable de la danseuse. En raison de la taille des deux danseurs, l’osmose est difficilement totale dans les pas de deux mais les amants se regardent et se comprennent, il existe un échange sur scène qui est touchant et qui est le plus réussi de tous les couples.

Dorothée Gilbert

Dans le domaine du naturalisme, c’est Dorothée Gilbert et Josua Hoffalt qui tirent le mieux leur épingle du jeu et qui en font finalement le couple le plus homogène, tant au point de vue de la conception dramatique des rôles et de leurs capacités à  la mettre en œuvre. Dorothée Gilbert trouve ici un rôle qui lui permet à la fois de déployer sa technique sûre tout en montrant les progrès considérables effectués sur le plan dramatique. Elle présente une Juliette très maîtrisée dramatiquement et s'accorde bien avec son partenaire. Josua Hoffalt a une danse ample comme Florian Magnenet mais a l’avantage d’une partenaire plus petite, les pas de deux se fondent dans la musique, le plaisir n’est plus uniquement dans la narration dramatique mais aussi dans son insertion dans la danse.

Yann Saïz (Benvolio) - Josua Hoffalt

Avec des couples dont l’osmose et le rayonnement paraissent un peu faibles, la réussite des représentations a pris naissance dans les compositions des distributions des rôles annexes. Certaines soirées ont paru à cet égard beaucoup plus intenses que d’autres. Lorsque des Tybalt, des Mercutio et des Benvolio de poids s’adjoignent au duo vedette, la physionomie du ballet peut en être changée. Il est certain que les soirées ayant bénéficié des présences de Stéphane Bullion, Christophe Duquenne (en Benvolio),  Mathias Heymann, Emmanuel Thibault et Yann Saïz (Benvolio ou Tybalt) dans ces rôles ont monté d’un cran dans la teneur dramatique, car comme toujours chez Rudolf Noureev, la composition des rôles annexes a été soigneusement étudiée pour leur donner une dimension de première importance.

Stéphane Bullion - Mathias Heymann

Deux Tybalt rayonnent sur scène. Stéphane Bullion, tour à tour cousin d'Agnès Letestu et Laëtitia Pujol irradie sa puissance, tant est si bien qu’on comprend à peine comment Florian Magnenet et surtout Mathieu Ganio arrive à le tuer, mais les caractères les plus fantasques font parfois les plus grossières erreurs, au théâtre comme dans la vie.  Investissement total de sa personnalité et de son talent dramatique dans le rôle, la précision de sa danse et de ses combats à l’épée en font un Tybalt qui impose la noirceur et la domination de son personnage avec un naturel certain que ce soit avec Juliette, avec Dame Capulet ou ses adversaires. La conduite du bal des Capulet, avec Dame Capulet, ou à l'épée  est dans cet esprit impressionnante. Un Tybalt désormais de référence pour cette chorégraphie de Noureev.

Stéphane Bullion - Delphine Moussin

Yann Saïz a adopté la noirceur puissante de son cadet mais se fait plus soupe au lait dans le jeu, un peu moins précis dans la danse. Il a néanmoins une vraie envergure dans la danse des chevaliers ou dans les combats qui font un peu défaut à Vincent Chaillet et Stéphane Phavorin qui n’arrivent pas à s’imposer dans l’histoire.

En face de Tybalt, le clan des Montaigu oppose cinq Mercutio qui portent tous chacun leur charme plutôt sympathiquement énervant. Emmanuel Thibault trouve ici un rôle en or pour sa danse aérienne et son jeu primesautier. Très à l’aise, il ferraille avec son corps comme avec son épée dans un style purement jovial. Mathias Heymann a eu un peu plus de mal à trouver ses marques mais il a vraiment réussi à s’approprier le personnage dans ses dernières apparitions, affinant son humour plus léger mais néanmoins porteur.

Stéphane Bullion - Emmanuel Thibault - Florian Magnenet

Le rôle de Benvolio nécessite une forte présence scénique pour exister pleinement face aux multiples rebondissements des moments où il apparaît. Les chevronnés Christophe Duquenne et Yann Saïz ont un caractère drolatique et fantasque qui leur permet de s’insérer pleinement dans l’histoire, alors que les prises de rôles ont été plus timides.

Stéphane Bullion - Mathias Heymann - Mathieu Ganio - Christophe Duquenne

Au-delà de ces rôles presque également principaux, il est aussi justifié de mentionner les présences de Seigneur et Dame Capulet, avec la formidable présence en particulier de Vincent Cordier,  Delphine Moussin et Stéphanie Romberg, parfaits chefs de clan, des interprètes du rôle ingrat de Pâris dans lequel Bruno Bouché et Yannick Bittencourt tirent avec les honneurs leur épingle du jeu.

Stéphane Bullion - Vincent Cordier - Delphine Moussin