lundi 22 juillet 2013

Bye Bye 2012-2013


Sortie mystique avec Signes d’une programmation 2012-2013 pas très exaltante, la saison de ballets n’a pas vécu beaucoup de temps forts à Paris. Se sont succédés deux créations sans grand intérêt, deux classiques pas mémorables dont l’épouvantable Sylphide -alors que la compagnie a présenté Giselle aux Australiens- et plusieurs affiches mixtes aux œuvres inégales et parfois mal distribuées, dont on retient quand même la pièce magnétique de Merce Cunningham Un jour ou deux.  

Eleonora Abbagnato - Nicolas Le Riche 

Il aurait été possible de s’enthousiasmer pour l’affiche Roland Petit mais quel dommage d’avoir remplacé Le Jeune homme et la mort présent en 2010 par Carmen, surtout pour ne pas y distribuer Isabelle Ciaravola ! Cette faute de goût a eu néanmoins le mérite de célébrer enfin Eleonora Abbagnato, artiste trop tardivement couronnée, même si sa Mort aux côtés du Jeune homme est tout aussi inoubliable, voire plus, que sa Carmen et aurait tout aussi bien servi une nomination dans son répertoire de prédilection. 

Eleonora Abbagnato - Nicolas Le Riche 
La Troisième symphonie de Gustav Mahler a cruellement souffert de l’absence inexplicable de Nicolas Le Riche dans le rôle principal.  Son Roméo venait pourtant de sauver, avec le Solor de Stéphane Bullion et la Nikiya d'Agnès Letestu, le gala Noureev, hommage manquant un peu trop d’ambition. Cette défection laisse sceptique sur la programmation ces dernières années de ce danseur toujours aussi enthousiasmant, dans sa danse comme dans sa compréhension du répertoire. Heureusement, Stéphane Bullion qui rend tout ce qu'il danse spirituel, s'inscrit dans la même veine avec sa vision profonde des rôles qu'on lui confie. Sa partenaire de prédilection, Agnès Letestu, Nikiya souveraine,  a encore envoûté dans Kaguyahime même si le ballet a perdu de son impact visuel en passant de Bastille à Garnier, et dans Signes, ballet onirique qui a finalement mieux terminé la saison qu’elle n’avait commencé avec des Balanchine bien datés.

Stéphane Bullion - Agnès Letestu

Avec Ludmila Pagliero qui évacue toute la médiocrité du répertoire par son intelligence de la scène et son énergie rayonnante, ces artistes ont entretenu une flamme qui devrait se rallumer lors de la saison prochaine dont la succession d’œuvres au programme s’annonce très intéressante sur le papier, excepté encore une fois sur le seul vrai classique, bien poussiéreux, dans le fond comme dans la forme. Enfin... de Bausch à Cullberg en passant par Kylian et Preljocaj, des néoclassiques narratifs de Cranko et Petit, on trouve là au moins beaucoup de bonheurs en perspective  dans des ballets très riches si la distribution est à la hauteur ; et même si Nicolas Le Riche et Agnès Letestu vont quitter la compagnie, Stéphane Bullion et Ludmila Pagliero semblent prêts à assurer la relève.

Stéphane Bullion - Ludmila Pagliero