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Nicolas Paul - Alice Renavand - Stéphane Bullion |
Entrée au répertoire de trois œuvres d’Anne Teresa de Keersmaeker dont le précédent Rain n’avait pas fait l’unanimité à l’Opéra de Paris. Mais alors que les Etoiles avaient boudé Rain, sans doute parce qu’elles avaient mieux à faire, on n’en dénombre pas moins de cinq sur scène quasiment tous les soirs. Etait-ce bien nécessaire ? Vraisemblablement non.
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Claire Gandolfi - Aurélia Bellet - Camille de Bellefon - Miho Fuji |
Quatuor n°4 est la pièce dévouée aux moins gradées, quatre danseuses s’emparant d’une œuvre de jeunesse un peu datée. Esthétique surannée, minauderies et accès de tempérament, si
Quatuor n°4 avait pu séduire dans les années 80, il n’en reste aujourd’hui que quelques tics et poses pas très intéressantes, des jeux de regards et de postures qui s’inscrivent difficilement sur la scène de l’Opéra Garnier. Des deux distributions proposées, celle des plus expérimentées Aurélia Bellet, Camille de Bellefon, Miho Fuji et Claire Gandolfi apporte une touche artistique qui donne un certain relief à des passages complètement insipides. Ici, le retour d’Aurélia Bellet sur scène après plus d’une année d’absence prend tout son sens et remet à jour l’image de ce qu’est une véritable artiste.
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Adrien Couvez - Stéphane Bullion - Alice Renavand |
Grosse Fuge utilise parfaitement la modernité de Beethoven pour une course épileptique à la verticalité, un rapport au sol et à la saltation permanent. Finalement, la distribution étoilée, Alice Renavand, Stéphane Bullion, Karl Paquette, soutenue par deux Premiers danseurs et les contemporanéistes de la troupe apporte ici beaucoup plus de poids à cette œuvre, dansée avec précision, rapidité et ampleur dans une grande assurance mais aussi la maîtrise d’un certain second degré. L’expérience de la scène et de la manière de s’en emparer s’en ressent, plus que par la virtuosité. Les danseurs s’y déploient par groupes sur des phrases musicales alors qu’Alice Renavand ne s’interdit pas de "duetter" avec Adrien Couvez, faisant jeu égal avec la masculinité dominant par le nombre. C’est sans doute la pièce la moins décevante des trois, car malgré sa magnifique scénographie, la Nuit transfigurée se révèle au finish un vulgaire méli-mélo digne d’un roman de gare.
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Adrien Couvez - Stéphane Bullion |
La musique de Schönberg n’aide pas, lui qui a tant fait preuve de créativité, livre ici une œuvre de jeunesse bien quelconque et Anne Teresa de Keersmaeker s’engouffre dans une sentimentalité facile parfois à la limite du ridicule. Encore plus que dans Grosse Fuge, les solistes de la troupe y sont sous-employés, Marie-Agnès Gillot qui a été écartée des scènes parisiennes depuis plus d’un an n’ayant quasi à faire qu’un larmoyant solo inaugural qu’elle dévore comme pour illustrer les conséquences d’une cruelle absence. Alice Renavand dans la deuxième distribution y met plus de retenue, mais au finish, c’est Nicolas Paul qui gagne le seul moment dansant de cette pièce dans ses micro-solos introductif et final.
Cette triple affiche sauvée par Beethoven et la personnalité artistique de certains danseurs reste très anecdotique et somme toute n’apporte rien au répertoire de la compagnie.
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Nicolas Paul |