Moins d’un an après sa captation en juillet 2008, la Dame aux camélias est disponible en DVD chez Opus Arte. (on trouvera les impressions sur les danseurs lors de la chronique du 15 juillet 2008 et la description synoptique du ballet dans celle du 21 juin 2008).
De ce ballet néo-classique de John Neumeier, le réalisateur a tiré un film très romanesque, qui sacrifie un peu la restitution du ballet dans son ensemble pour se centrer sur l'histoire d'Armand et Marguerite, les héros du roman d'Alexandre Dumas Fils.
Thomas Grimm a donc choisi de filmer une histoire, en utilisant la force d’effets techniques propres au cinéma en lieu et place d’une simple captation de ballet et il faut reconnaître que le résultat est particulièrement réussi du point de vue de la narration et de la qualité cinématographique. Le rythme jouissif de l’image entraîné par les musiques de Chopin, au demeurant fort bien jouées, est rapidement dominateur et entraînant. En effet, la force de ce DVD réside dans un récit dynamique très bien présenté par des choix de plans très soignés et soutenus par une image de très belle qualité, et surtout de remarquables acteurs, Stéphane Bullion dans le rôle d’Armand et Agnès Letestu dans le rôle de Marguerite, sans lesquels ce choix n'aurait peut-être pas eu lieu.
Mis à part les trois pas de deux principaux filmés et reproduits in extenso dans l’action des deux interprètes -quelques passages sont concentrés sur les parties individuelles mais dans les moments où l’autre partenaire ne danse pas- et aussi certains moments de l’histoire de Manon, les parties dévolues aux autres danseurs, que ce soit les solistes ou le corps de ballet sont systématiquement présentées sous divers angles à l’éditing plutôt rythmé, argumentées de gros plans qui réduisent le rendu des scènes de groupe et souvent restituées dans le contexte des liens entre Marguerite et Armand. Le plan fixe de face est rarement ouvert sur toute la scène et lors des différents bals ou la partie de campagne, il est rare de voir le corps de ballet dans son ensemble plus de cinq secondes d’affilée. Cela donne un ensemble très dynamique même s'il est parfois un frustrant si on essaie de suivre un interprète ou une chorégraphie.
--> ©Thomas Grimm a donc choisi de filmer une histoire, en utilisant la force d’effets techniques propres au cinéma en lieu et place d’une simple captation de ballet et il faut reconnaître que le résultat est particulièrement réussi du point de vue de la narration et de la qualité cinématographique. Le rythme jouissif de l’image entraîné par les musiques de Chopin, au demeurant fort bien jouées, est rapidement dominateur et entraînant. En effet, la force de ce DVD réside dans un récit dynamique très bien présenté par des choix de plans très soignés et soutenus par une image de très belle qualité, et surtout de remarquables acteurs, Stéphane Bullion dans le rôle d’Armand et Agnès Letestu dans le rôle de Marguerite, sans lesquels ce choix n'aurait peut-être pas eu lieu.
Stéphane Bullion et Agnès Letestu
Pic © Opus Arte
En effet, si l’action principale, c’est-à-dire les rapports entre les deux héros, est très bien traitée, et surtout très bien mise en valeur par ces danseurs-acteurs, le réalisateur a offert une place minimale à la mise en contexte dansé tant il utilise l'interaction des deux danseurs pour illustrer le propos.Pic ©
Mis à part les trois pas de deux principaux filmés et reproduits in extenso dans l’action des deux interprètes -quelques passages sont concentrés sur les parties individuelles mais dans les moments où l’autre partenaire ne danse pas- et aussi certains moments de l’histoire de Manon, les parties dévolues aux autres danseurs, que ce soit les solistes ou le corps de ballet sont systématiquement présentées sous divers angles à l’éditing plutôt rythmé, argumentées de gros plans qui réduisent le rendu des scènes de groupe et souvent restituées dans le contexte des liens entre Marguerite et Armand. Le plan fixe de face est rarement ouvert sur toute la scène et lors des différents bals ou la partie de campagne, il est rare de voir le corps de ballet dans son ensemble plus de cinq secondes d’affilée. Cela donne un ensemble très dynamique même s'il est parfois un frustrant si on essaie de suivre un interprète ou une chorégraphie.
Pic
Ce n’est d’évidence pas le propos de Thomas Grimm qui préfère se concentrer sur l’histoire d’Armand et Marguerite. Il faut dire que Stéphane Bullion et Agnès Letestu sont non seulement très photogéniques, mais d’excellents acteurs. Ainsi, tout ce que l’on ne voit en général pas lorsqu’on est dans la salle à moins d’être rivés à ses jumelles (on est alors son propre réalisateur et on ne perd rien de ce qu’on veut voir) ressort de très belle manière, les nuances des regards, les esquisses de sourires ou de moues, le désespoir ou la tristesse, la joie et la douleur, les petits gestes porteurs de sens, etc. Thomas Grimm a su saisir toutes ces émotions qui en elles seules pourraient suffire à raconter l’histoire et que les deux danseurs savent parfaitement utiliser, lorsqu’ils jouent mais aussi, et c’est en général plus rare, lorsqu’ils dansent. Il y a dans ces prises de vue, une restitution de la jouissance du mouvement, de son onctuosité et de sa cohésion avec l'histoire qu'on perçoit rarement en salle et c'est un vrai bonheur.
Ainsi, malgré le procédé du flashback choisi par John Neumeier, Stéphane Bullion qui apparaît "en deuil " au début et dans les tableaux transitoires, réussit parfaitement à retracer la progression de son personnage, du jeune homme timide et naïf puis insouciant, à l’homme heureux puis désabusé et en souffrance. Agnès Letestu, courtisane flamboyante, sûre d’elle-même, cède peu à peu à l’amusement et au bonheur puis glisse dans la maladie, les doutes, les peurs et la mort. Face à ce travail de l’art dramatique très poussé, les interprétations stylisées des personnages de Des Grieux, José Martinez et Manon, Delphine Moussin, font d’autant mieux ressortir la profondeur du jeu des héros et accentuent la focalisation sur l’histoire principale.
De même, certaines actions clés ou symboliques qui ponctuent le ballet parfois sous des apparences anodines pour dresser les caractères ou les circonstances sont mises en avant, le vol de la sucrière ou du collier de Marguerite, par Prudence, la chute d’Armand lorsqu’un mignon lui enlève la chaise quand il est présenté à Marguerite, Armand saoul lors du bal, Marguerite en effroi devant son miroir ou en perdition devant son journal, etc.
Bref, un excellent DVD, un très beau travail de création à travers la mise en scène et de compréhension de l’histoire, très enthousiasmant et si rare dans le domaine du ballet filmé…
Bref, un excellent DVD, un très beau travail de création à travers la mise en scène et de compréhension de l’histoire, très enthousiasmant et si rare dans le domaine du ballet filmé…
En bonus, un long documentaire Flashback sur la Dame aux camélias de Reiner E. Moritz et Stéphane Loison avec une interview très intéressante de John Neumeier sur l'histoire de son ballet et la manière dont il a voulu la relation entre Armand et Marguerite, des entretiens plus brefs et plus anecdotiques avec les interprètes, Stéphane Bullion, Dorothée Gilbert, Agnès Letestu, José Martinez, Delphine Moussin mais aussi la directrice de la danse à l'opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, le pianiste Emmanuel Strosser (qui se partageait les soli avec Frédéric Vaysse-Knitter lors des représentations) et Dominique Gay, responsable des costumes.
Stéphane Bullion
Distribution
Marguerite Gautier: Agnès Letestu
Armand Duval: Stéphane Bullion
Monsieur Duval: Michaël Denard
Prudence Duvernoy: Dorothée Gilbert
Manon Lescaut: Delphine Moussin
Des Grieux: José Martinez
Olympia: Eve Grinsztajn
Gaston Rieux: Karl Paquette
Le Duc: Laurent Novis
Nanine: Béatrice Martel
Le Comte de N.: Simon Valastro