Début de saison plutôt en demi teinte après le Phèdre
particulièrement daté, le Psyché excessivement pompier et une Source
terriblement ennuyeuse, le ballet peut-être le moins réussi de Rudolf Noureev s'installe à l’opéra Bastille pour les fêtes de fin d’années. Il faut alors
faire abstraction de l'histoire cul-cul, de la transposition empreinte
d'obsessions à peine cachées, pas toujours de bon goût, des costumes plutôt ratés (encore!) et s'intéresser aux danseurs.
Dans
l’immensité de ce temple d’une froideur extrême, l’intérêt principal de
cette Première se trouvait donc dans le mélange de générations dans certains duos
comme dans le corps de ballet, ici un peu sous employé, même si on retrouve le style délirant et exigeant de virtuosité de Rudolf Noureev.
Pour la Première, l’opéra avait timidement inséré quelques prises de rôle au sein de l’artillerie lourde de la hiérarchie du ballet où il ne manquait que Mathias Heymann blessé, trois Etoiles et six Premiers danseurs prenant les choses en main.
Pour la Première, l’opéra avait timidement inséré quelques prises de rôle au sein de l’artillerie lourde de la hiérarchie du ballet où il ne manquait que Mathias Heymann blessé, trois Etoiles et six Premiers danseurs prenant les choses en main.
Stéphane Bullion - Agnès Letestu - Christophe Duquenne |
En tête d’affiche, le couple de majesté désormais établi Stéphane Bullion/ Agnès Letestu,
avec l’Acteur-vedette en impétrant, mais aussi le duo Mélanie
Hurel/Ludmila Pagliero en Sœurs suscitaient intérêt et curiosité. Ils
évoluaient donc parmi les expérimentés Christophe Duquenne, professeur
désabusé, Karl Paquette et Stéphane Phavorin dans les rôles du
Producteur/fée et Marâtre.
Passé l’effet premier acte où la mise en histoire est un peu longue voire répétitive, c’est dans la déraison dérisoire d’Hollywood qu’entraîne Rudolf Noureev avec des tableaux plus réussis que d’autres, des touches d’humour ou de mauvais goût qui, somme toute, se perdent un peu dans l’esprit loufoque du ballet et ont le mérite de ne jamais durer.
Passé l’effet premier acte où la mise en histoire est un peu longue voire répétitive, c’est dans la déraison dérisoire d’Hollywood qu’entraîne Rudolf Noureev avec des tableaux plus réussis que d’autres, des touches d’humour ou de mauvais goût qui, somme toute, se perdent un peu dans l’esprit loufoque du ballet et ont le mérite de ne jamais durer.
Agnès Letestu |
Le ton général du ballet pourtant est donné par Agnès Letestu qui joue avec l’interprétation de manière étonnante. Ceux qui cherchent l'ambiance festive du conte de fée en seront pour leur frais. D’entrée Agnès Letestu étale sa mélancolie, son regard perdu et sa danse cristalline consacrant le gris de sa vie. Elle ne s’enlumine que lors de son dialogue à claquettes avec le portemanteau, mais cela n’influe pas sur la tonalité morose de l’œuvre.
Malgré son costume de cendre qui se perd dans le fond du décor, elle vampe l’histoire et dirige l’ambiance par son aura mélancolique, ne frôlant heureusement jamais la tristesse qui susciterait la victimisation. Les pics d’humour lancés par les conflits de famille, puis l’excellent Christophe Duquenne, n’en sont alors que plus mis en relief, recentrant constamment l’intérêt sur son personnage.
Ludmila Pagliero - Agnès Letestu - Mélanie Hurel (et Stéphane Phavorin) |
Stéphane Bullion - Agnès Letestu |
Au deuxième acte, Agnès Letestu passe le relais à un Stéphane Bullion, plein d’aplomb, acteur vedette pressé d’en finir avec les sœurs qu’il écarte poliment mais fermement. Un peu bougon sur le plateau lors des tentatives des jeunes filles, à peine séducteur et plutôt charmé par l’apparition de Cendrillon, il s’épanouit au contact de la jeune fille plutôt intimidée au départ que présente Agnès Letestu.
Le duo n’en est que plus émouvant et l’on retrouve quelques touches surprenantes de la naïveté adolescente aux premiers émois chez ces deux géants. Stéphane Bullion n’est plus l’Acteur-vedette charismatique, mais le jeune homme intrigué. Les yeux s’écartent alors, le cou se tend, l’amour le transforme. La musique de Prokofiev jouée avec une certaine mollesse prend alors tout son relief et le duo de charme autour du tabouret reste un moment original d’une douceur et d’une sérénité absolue.
Stéphane Bullion - Agnès Letestu |
Le court troisième acte où la famille pénible se transforme en Espagnole, Chinoise et Russe, présente des danses de caractère plutôt bien agencées et assez roboratives dans la traditionnelle course à l’essai de pantoufle. Ludmila Pagliero en sensuelle Espagnole ne rend rien à Mélanie Hurel, Chinoise absolument envoûtante.
Stéphane Bullion - Ludmila Pagliero |
Puis, de retour dans le « ciné-food », c’est l’essai en famille, la résignation de Cendrillon à dévoiler son secret à la vue de son prince, et le pas de deux magique du dernier acte. C’est convenu mais la danse est belle lors du dernier pas de deux. On fait enfin abstraction des costumes plutôt tartes pour se laisser porter par les envolées lyriques de l’amour accompli. C’est quand même un conte de fée, et même si le ballet n’a pas grand-chose à apporter, il est bien ficelé et il évite tout au moins le message misérabiliste et moraliste délivré habituellement.
Stéphane Bullion - Agnès Letestu |
Distribution de la Première 25 novembre 2011
Cendrillon Agnès Letestu
L'Acteur-vedette Stéphane Bullion
Les Soeurs Mélanie Hurel/Ludmila Pagliero
La Marâtre Stéphane Phavorin
Le Producteur Karl Paquette
Le Professeur Christophe Duquenne
Stéphane Bullion - Agnès Letestu |